Baisse de chiffre d’affaires, hausse des dépenses, composants électroniques introuvables … Les conséquences de la guerre en Ukraine n’impactent pas seulement les PME et les grands groupes. Les secousses économiques rebattent également les cartes des indépendants qui commencent, à leur tour, à subir l’impact du conflit Russo-Ukrainien.
Si la majorité des freelances pâtissent directement ou indirectement d’une forme de récession, en revanche certaines activités indépendantes croulent sous les propositions de missions.
Bien que la France ne soit pas directement engagée dans ce conflit, la mondialisation de nos économies nous amène, de fait, à en subir les conséquences directes. La guerre en Ukraine agit, sur le milieu du freelancing et du consulting, comme une bombe à fragmentation. Il y a les grands gagnants et les perdants.
De plus le contexte environnemental étant particulièrement tendu avant la guerre, la course aux énergies vertes s’est accrue avec les sanctions imposées à la Russie et à ses exportations de gaz et de pétrole.
L’impact du conflit Russo-Ukrainien sur la macroéconomie
Tandis que de nombreuses multinationales françaises qui possèdent des intérêts sur les sols russes ou ukrainiens sont directement impactées par la guerre, les indépendants qui forment le plus gros contingent de la macroéconomie commencent à pâtir des conséquences du conflit Russo-Ukrainien.
Tous les économistes s’accordent à revoir à la baisse le taux de croissance, initialement prévu de 3,3% de la macroéconomie à un seuil maximal de 2,8% sur l’année 2022.
Si l’on en croit les économistes français, l’année à venir risque de s’inscrire dans la même lignée que 2020 qui avait été très chahutée par le COVID. Si certains indépendants risquent de pâtir de la situation, d’autres en revanche devraient tirer leur épingle du jeu, notamment en s’inscrivant dans un domaine particulièrement scruté tant par les particuliers que par les professionnels, le domaine des énergies.
Face aux menaces des hackers des pays de l’Est, les demandes des entreprises explosent quant à la cybersécurité. Enfin, pour tous ceux et toutes celles qui devraient assumer de manière douloureuse l’impact direct d’une inflation galopante associée à une baisse drastique ou à l’annulation de contrats, les pouvoirs publics ont anticipé cette situation critique avec la réactivation de certaines mesures entrées en vigueur lors des confinements.
L’annulation ou le report de nombreux contrats
Si de nombreux expatriés en Russie ou en Ukraine ont dû rentrer en France, les consultants indépendants qui exercent leur activité à l’international ont également été nombreux à devoir mettre un terme à leurs missions.
Le plus souvent, ces experts ont vu leurs honoraires payés par leurs clients. Dans la grande majorité des cas, ils ont pu poursuivre leur travail depuis la France. Toutes celles et tous ceux qui exerçaient leurs compétences sous le statut du portage salarial ont, pour leur part, été indemnisés, grâce aux assurances spécifiques souscrites par les entreprises de Portage Salarial qui ont également assuré leur rapatriement.
Au-delà des indépendants qui ont fait leur retour sur notre territoire, de nombreux freelances sont directement impactés ou subissent de manière indirecte les conséquences économiques fâcheuses de ce conflit.
Face à la flambée des prix des différentes énergies, de nombreuses entreprises ont dû réduire leurs achats et prestations externes pour faire face à des charges fixes très élevées. Ainsi de nombreux freelances ont vu leurs contrats ou leurs missions mis en stand bye le temps de la crise.
Les grands « gagnants »
Comme dans toutes les crises, il y a des gagnants et des perdants. Non pas qu’il s’agisse de s’enrichir sur les malheurs de la guerre, mais certains marchés deviennent très actifs, y compris sur notre territoire.
Alors que les chaînes de télé du monde entier ont les yeux tournés vers Kiev, les autorités ukrainiennes avouent avoir délivré plus de deux mille accréditations à des photographes et reporters de guerre indépendants. Ces professionnels de l’image et du journalisme indépendant vendent leurs reportages, leurs photos, leurs films et autres piges aux grands titres de la presse nationale. Un conflit terrestre armé sur le sol européen peut être perçu comme une aubaine pour ces indépendants qui n’hésitent pas à braver les risques pour travailler.
Tous les secteurs qui touchent de près ou de loin à la sécurité et à la défense sont très demandeurs d’experts en cette période considérée comme à risque.
Les métiers liés à la cybersécurité
Dans le cadre des tensions internationales liées à la guerre en Ukraine, l’Agence nationale de la sécurité des Systèmes d’information, appelle les entreprises à la plus grande vigilance face à la multiplication des cyberattaques. En effet, si on parle en permanence de la guerre conventionnelle de terrain, en revanche, le cyberespace, sans frontières ni cadre légal spécifique, est le théâtre d’une guerre à visée économique de tout premier plan. Les autorités appellent donc à la plus grande prudence et au renforcement des mesures sécuritaires.
Les experts en cybersécurité indépendants sont donc très sollicités pour :
- Assurer le renforcement d’authentification sur l’ensemble des systèmes d’information
- Intensifier et assurer la supervision de l’ensemble des mesures de sécurité déjà en place
- Établir une priorisation des services numériques les plus sensibles
- Renforcer et sensibiliser les équipes existantes aux risques accrus de cyberattaques
Les compétences de ces experts sont également très demandées afin de limiter autant que faire se peut les conséquences d’éventuelles attaques avec des sauvegardes régulières de l’ensemble des données propres aux entreprises. Les compétences de ces consultants sont également requises afin d’assurer une veille constante des avis émis par le Gouvernement.
Cette demande concerne également les formateurs qualifiés Qualiopi qui doivent proposer, dans l’urgence des formations de pointe dans la surveillance et dans la maintenance des infrastructures et des architectures informatiques. Remise à niveau des salariés, formation de nouveaux professionnels …
Les métiers liés aux énergies
Si le domaine des énergies est, en temps normal, très demandeur de talents, la menace d’une pénurie de gaz et de pétrole dans les semaines et dans les mois à venir a décuplé cette demande. Si l’on ajoute à cela l’ambition Zéro carbone dans les dix années à venir, les indépendants et consultants en énergies vertes, ne parviennent pas à combler les demandes. Des collectivités publiques en passant par les grands groupes et autres PME, la guerre de l’innovation est lancée. Du solaire thermique au photovoltaïque en passant par l’éolien, l’hydro énergie ou l’hydrogène, les sommes en jeu sont colossales. Les différents gouvernements et l’Europe n’hésitent même plus à ouvrir à fond les vannes des subventions. Si l’innovation est en phase d’accélération, les innovations doivent passer tant par la technique que par l’usage de nouveaux matériaux, là encore en raison des problèmes d’approvisionnement. De l’industrie au secteur des bâtiments tous les domaines sont impactés tant par les embargos que par les différentes pénuries et problèmes d’approvisionnements depuis la Chine, notamment, alliée de la Russie.
Les métiers du nucléaire
Les métiers du nucléaire connaissent eux aussi un regain d’activité ces dernières semaines. Dans ce secteur, deux domaines sont plus spécifiquement vecteurs de missions urgentes, il s’agit de la sécurité nucléaire et de l’accélération de la transition énergétique avec la création de « mini centrales » attendues par les autorités publiques.
- La sûreté nucléaire. Si la simple évocation du nucléaire fait trembler, les menaces d’usage d’armes nucléaires ou d’un éventuel ciblage d’installations nucléaires n’ont jamais été aussi fortes. Entre le renforcement des installations en cours, l’entretien des centrales vieillissantes et l’intensification de la recherche nucléaire le domaine n’a jamais autant fait appel à des experts indépendants.
- La recherche. Le Gouvernement français a été très clair, dès l’automne dernier. La transition énergétique française devra impérativement passer par de nouvelles installations nucléaires car elles fournissent une énergie décarbonée. Les pouvoirs publics mettent des millions d’euros sur la table pour l’innovation nucléaire avec la création de mini centrales au plus près des points d’utilisation. La guerre en Ukraine est venue rebattre les cartes de la distribution énergétique au regard des nombreux embargos imposés par l’Europe. C’est donc indirectement que le processus de décarbonisation se trouve en phase d’accélération.
Les aides de l’état pour les indépendants impactées par le conflit Russo-Ukrainien
Comme nous l’avons évoqué plus haut, et dans le cadre de la Guerre en Ukraine, les pouvoirs publics français viennent d’étendre , dans le cadre du Plan de Résilience économique et sociale, les aides aux entreprises impactées directement ou indirectement par le conflit ukrainien.
Les indépendants qui subissent les conséquences de cette guerre sont vivement encouragés à se rapprocher des services de l’URSSAF ou bien encore de se rapprocher du département de l’action sociale du Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants. De nombreuses aides directes ou indirectes et étalement de charges sont possibles dans les circonstances exceptionnelles que traverse notre économie.
